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Une échappatoire à la réalité...
29 juin 2007

Coeur Glacé

Le temps s’écoule et je suis là, allongée sur cette herbe humide. Je ne saurais dire depuis combien de temps je suis là, suffisamment pour que cette humidité ambiante m’est pénétrée. J’ai sans doute froid, je tremble sûrement, cela serai compréhensible par le froid qui cours et le vent cinglant. Ce vent… il doit certainement me lacérer les joues. Pourtant, je ne ressens rien de cela. Pourquoi ? Simplement Parceque je n’y pense pas, j’ai la tête en direction du ciel et les quelques étoiles ont accaparé mon esprit. Je me fiche de tout, de ce qui m’arrive, de ce qu’on peu penser, de l’amour… Oh oui! L’amour, parlons en tiens ! Je n’y crois pas vraiment à toutes ces histoires à l’eau de rose, je ne m’attache pas, je ne veux pas souffrir. Dépendante de quelqu’un ? Moi ? Jamais.

Soudain, le silence de cette nuit est perturbé par une petite mélodie. Mon esprit étant trop absorbé par le ciel étoilé, je met un certain temps avant de comprendre. Puis, je sens des vibrations venant de ma poche et l’information me monte alors au cerveau… mon portable ! Ma main, engourdie, atteint l’objet, je me redresse et, assise là, je décroche:

« Allo ? »

« Sam, c’est Sarah, je m’inquiète. Tu rentres bientôt ? »

« Ne t’inquiètes pas, ça va. Je vais rentrer. »

« D’accord, alors je t’attends. Une dernière chose, tu es ma meilleure amie, tu le sais, alors… je suis là si tu veux. »

« Merci, ça va, je t’assure. A tout de suite. »

Je referme le clapet de mon téléphone. Je me relève, attrape mon appareil photo posé sur l’herbe et prend la direction de la maison. Maintenant, je ressens le froid, il me transperce de toutes parts comme si des aiguilles se plantaient dans ma chair à chaque seconde, et le vent me brûle le visage. J’active le pas…

***

Le soleil vient me frapper au visage et me fait cligner des yeux. Je les ouvre progressivement et je dirige mon regard vers la fenêtre. J’aime les matins comme ça, pas de contraintes de temps, pas de contraintes tout court. Premier matin des vacances d’ Avril, je me sens bien. Je pense qu’il va faire beau aujourd’hui. Je reste à flemmarder quelques temps, à observer les ombres sur le plafond. Mon plafond, je le regarde tant que je connais chaque imperfection par cœur, cela m’aide à réfléchir. Hier, Sarah m’attendais, elle ne m’a posée aucune question, comme d’habitude. Elle comprend ma soif de liberté et mon besoin ponctuel de solitude.

Je décide finalement de me sortir du lit. Je prend une douche, m’habille, me coiffe et me souligne les yeux au crayon noir. Mes poignets sont entourés de bracelets diverses. Mes cheveux bruns méchés de rouge écarlate contraste mes yeux bleu si clairs. J’ai un style bien à moi, je dérange bien souvent le regard des gens mais je me fiche de ce qu’on peut penser. Je veux juste être moi. Je suis très discrète mais je ne passe pas inaperçue et les regards m’amusent. Je veux juste être moi, ne ressembler à personne d’autre, je me fiche bien de la mode qui donne l‘impression de sortir d‘un moule. Je ne veux appartenir à aucune catégorie. Simplement moi.

Je choppe mon appareil photo au passage et dévale les escaliers. Sarah est là, souriante.

« Tu sors ? »

« J’ai de l’inspiration, la lumière est bonne, j’ai envie d’en profiter. Tu veux venir ? » lui dis-je le sourire aux lèvres.

« Euh… c’est pas souvent que tu me demandes de venir avec toi. J’en serais ravie. »

« Alors c’est partis ! »

Elle attrape une veste en jean et m’accompagne. Je suis passionnée de photo, on dit que j’ai du talent. Pour moi, c’est une sorte d’évasion, j’aime retransmettre des émotions sur papier brillant. J’aime photographier la nature, des personnes que je ne connais pas, immortaliser des petits moments privilégiés que j’ai l’impression d’être la seule à voir. J’aime la photo, ma liberté.

C’est incroyable comme le temps à changé depuis hier. Aujourd’hui, la lumière est belle, pas de pluie, pas de vent, il fait frais mais pas froid.
Nous discutons tout en marchant, sans vraiment savoir où nous mène nos pas. Soudain, je ralentis, je dégaine mon appareil, le porte à mon œil et prends quelques clichés. Nous entrons dans un petit par et quelques clichés de plus tard, nous en ressortons. Je vois deux gamins qui s’amusent de l’autre coté de la rue, j’ai la gâchette facile, j’aime la naïveté et l’innocence de l’enfance. Puis nous continuons notre chemin.

***

La nuit tombe, il y a encore de la lumière mais elle se fait de plus en plus faible.

« Nous devrions rentrer. Nan ? »

« T’as raison, il n’y aura bientôt plus assez de lumière de toutes façons. »

Je m’apprêtais à faire demi tour quand je le vis. Un jeune homme, assis sur un banc, dans ce parc. Il regarde par terre. Je ressens quelque chose d’étrange. Je porte l’appareil photo à mon œil, je clique. Et, à l’instant où mon doigt allait appuyer une seconde fois sur le déclencheur, son visage se relève vers moi, je baisse mon appareil. C’est incroyable, au moment où son regard se pose sur moi, je me sens transpercée par une vague indescriptible qui me paralyse. Qu’Est-ce que c’est ? Qui Est-ce ? Pourquoi ? Comment ? Plus rien n’existe autour de moi, il me regarde, il m’intrigue, il me subjugue, je suis confuse. Que fait-il ici, seul ? Je reste plantée, incapable de bouger. Il me sourit. J’ai l’impression que les minutes défilent à une vitesse folle. Puis, il se lève, un dernier regard, un dernier sourire et il disparaît dans l’obscurité ambiante.

« Sam ? »

Sarah me sort de ma paralysie et me fais retourner sur Terre.

« Sam ? »

« Euh… oui, pardon. On rentre. »

« Ba dis donc, il t’a envoûté ou quoi. Tu le connais ? »

« Non non, pas du tout, il… il… je ne sais pas, j’ai ressentis quelque chose d’étrange, de terrifiant et d’agréable. »

« Un coup de foudre ? »

« Dis pas n’importe quoi, ça n’existe pas ce genre de choses. »

Un coup de foudre ? Impossible, tomber amoureuse en quelques secondes, c’est impossible.
Nous arrivons à la maison, je me précipite dans la petite chambre noire improvisée dans le cagibi. Je laisse Sarah. Je veux voir cette photo, celle de ce garçon sur ce banc, je ne pense plus qu’à cela. Quelques minutes s’écoulent. Puis la photo apparaît enfin sous mes yeux: ce jeune homme, fringué d’une manière bien à lui. Son pantalon noir lui moule les jambes et ses cheveux devant son visage ne laissent pas percevoir ses traits et ce regard qui m’a pénétré si intensément. On ne peut distinguer que ses mains si bien dessinées qu‘il tient jointes avec les pouces frôlant ses lèvres.
Le reverrais je un jour ce jeune homme qui a atteint mon cœur d’une manière que j’ignore ? Sûrement jamais.

***

Une nuit agitée, le garçon d’hier s’est accaparé mon esprit. Je ne cesse d’y penser, de repenser à ce sentiment étrange lorsque ses yeux se sont posés sur mon être. Je voudrais qu’il sorte de ma tête, qu’il me laisse en paix, je veux retrouver mes esprits. Quelques minutes ont suffies pour qu’il prenne possession de mes pensées, je ne le veux pas, je ne comprends pas ce qui m’arrive. Je prends une douche froide histoire de me remettre un peu les idées au clair. Lorsque je descends les escaliers, Sarah est assise à la table de la cuisine, je la rejoins et prépare du thé. Au début, c’est silence. Et puis, elle prend la parole:

« Qu’Est-ce qui se passe ? »

Cette question provoque un sursaut de ma part, mon cœur se sert, je revoit le regard du jeune homme.

« Rien. Pourquoi tu me demande ça ? » dis je avec un sourire.

Je cache les apparences, comme toujours. Je sais tellement bien le faire. Je ne veux inquiéter personne et je suis trop sensible, je me barricade derrière des apparences.

« Arrêtes, je sais très bien que quelque chose te tracasse. Qu’est qu’il y a ? »

Je baisse les yeux, elle est la seule à qui je n’aime pas cacher les choses. Je ne lui mentirais pas.

« Je ne sais pas très bien ce qui se passe, tu sais. C’est…c’est ce garçon, celui d’hier, tu sais, sur le banc. Je… je n’arrête pas d’y penser, je ne sais pas pourquoi. C’est juste que… je voudrais le revoir, à nouveau ressentir ses yeux sur moi. C’est dingue, je suis dingue. Je ne comprends même pas pourquoi ça m’arrive, je ne comprends même pas ce qui se passe. Je ne le connais pas, pourtant, je ressens le besoin de le retrouver. Je suis certainement folle. J’ai été troublée, je ne l’avais jamais été. Je me suis sentie vivante quelques minutes, si vivante. Mon cœur battait si fort, j’ai cru qu’il allait s’échapper de ma poitrine. Je veux juste comprendre, tu sais. »

Mes yeux s’embue de larme au fur et à mesure que j’y repense, comme si j’étais passée à côté de quelque chose d’important, l’impression angoissante que je ne le reverrais jamais, que je ne saurais jamais qui il est.

« Tu vas encore me dire que c’est impossible, que ce sont que des conneries mais pourtant, je crois que c’est qu’on qualifie de… coup de foudre. »

Coup de foudre. Encore ces mots, ils résonnent en moi. Et si c’était vrai ?

« Tu devrais retourner dans ce parc. Si tu veux en avoir le cœur nette, retournes dans ce parc, peut être qu’il y reviendra. »

Je la regarde, je lui sourit légèrement. Elle a raison, il faut que je le revois…

***

15h, je suis dans la rue, en direction du parc.
16h30, je suis devant le petit portail de l’entrée, mon cœur se met à battre plus fort.
Quelques minutes plus tard, je suis devant le fameux banc, personne. Je décide de m’y assoire. Le temps passe, à la fois lentement et à la fois si rapidement. La nuit commence à tomber. Je regarde par terre, il ne viendra sûrement pas. J’ai été tellement bête d’y croire, je suis si naïve par moment. J’ai l’impression d’être si stupide, assise sur ce banc à attendre un inconnu, à attendre je ne sais trop quoi, à attendre…

« C’est un banc réservé ma demoiselle. »

« Réservé, mais bien sur. » dis je sans relever les yeux. « J’attends quelqu’un, mais je crois qu’il ne viendra pas. »

« Je serais ravi de vous tenir compagnie si vous voulez. »

Je relève le visage vers cet inconnu qui m’empêchait de réfléchir. Je fus alors frappée par un frisson qui parcourue mon cœur de part et d’autre. J’avais soudainement froid pourtant je sentais mes mains devenir moites et mon visage s’enflammer. C’était lui, c’était certain. Je me perds dans ses yeux, les mêmes que ceux qui m’ont transpercés hier. Il prend place à mes côtés.

« Vous êtes la jeune fille d’hier soir, celle qui m’a prise en photo. N’Est-ce pas? »

« Euh… oui. Je… j’aime prendre des photo, je suis désolée si cela ne vous a pas plu. »

« Non non, y’a pas de mal, mais je ne suis pas sur d‘être un très bon model.»

J’ai toujours le cœur palpitant mais je m’efforce de la cacher, je me sens tout de même bien.

« Je peux vous assurez que cette photo est magnifique, c’est rare que j’aime mes photo à ce point. »

Il sourit, ma phrase paraissait sûrement ambiguë. Je le regarde et lui rends son sourire.

« Merci du compliment. Au fait, vous attendiez quelqu’un non ? »

« Plus maintenant. » Dis je avec un sourire. « Dites moi, pourquoi vous venez ici, seul ? »

« Parceque je m‘y sens bien, c‘est calme. J’aime bien me retrouver seul parfois, cela m’aide à réfléchir, je n’ai pas de contrainte à part peut être celle du temps.» me dit il.

Je buvais ses paroles, j’avais la sensation de m’entendre parler. Je le sens comme moi, je le sens proche de moi. Nous discutons un moment, de tout, de rien. J’apprends dans la conversation que monsieur est gay. Je n’aurais donc aucune chance mais je m‘en fiche. Je repense à ce que disait Sarah: « un coup de foudre ». J’ai vraiment eu un coup de foudre pour ce monsieur, elle avait raison, mais pas un coup de foudre amoureux, non c’est un coup de foudre relationnel et affectif.

***

L’heure passe et je dois rentrer. Je ne veux pas quitter monsieur, je ne veux pas le perdre, sa présence me fait du bien, je ne saurais véritablement l’expliquer. Je lui dis qu’il me faut rejoindre ma maison, il veut me raccompagner. Monsieur me raccompagne donc jusqu’à chez moi. Nous discutons encore, nous rigolons, nous nous comprenons sans mal, je me sens libre de parler, je ne me cache plus… je me retrouve. Un moment, un petit groupe de jeunes et posté sur le trottoir. Je n’aime pas ce genre de petit rassemblement, cela prévoit toujours quelques soucis. On t’aborde, te parle, on sait toujours ce qu’ils ont derrière la tête, ou alors c’est pour t’insulter parceque tu es différent d’eux et que cela les dérange sans savoir vraiment pourquoi. J’angoisse un peu mais ce ne sera pas la première fois que je croise ce genre d’individu. Je sens alors la main de monsieur se glisser dans la mienne, comme s’il avait senti mes craintes. Il m’entraîne par la main sur la route pour dépasser le groupe. Nous avons le droit à quelques remarques sur notre style vestimentaire. J’entends à peine ce qu’ils disent, je suis subjuguée par la main de monsieur dans la mienne. Nous marchons un petit moment comme cela, j’aime ça.

Nous arrivons devant la porte de chez moi. Le moment tant redouté de la séparation. Je ne veux pas, je voudrais que le temps se fige, j’aurais voulu que sa main reste dans la mienne, je voudrais que sa présence ne s’éloigne pas, que sa voix continue de chuchoter à mes oreilles.
Il me dit qu’il aimerait qu’on reste en contact, je lui dis que c’est comme une évidence. Il dépose ses lèvres sur ma joue, j’apprécie ce contact. Un dernier sourire des deux côtés et il s’éloigne progressivement de moi. Il finit par disparaître dans l’obscurité ambiante. Ce monsieur me plait, je ne veux pas le perdre. Je viens de trouver mon semblable, comme un bout de moi dont j’ai besoin. J’ai la sensation d’avoir trouvé ce que je cherchais…

Sam

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Commentaires
N
Je n'aime pas .. je n'ai pas tout lu d'ailleurs
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